lundi 22 décembre 2014



Passez à l'attaque au côté du 2e RMA ! 


Pour ce dernier post de l'année, nous nous intéressons ce mois-ci au quatrième chapitre qui voit le 2e RMA participer aux combats du 21 juin 1915 pour la conquête du ravin du Kérévès-Déré. Dans ce chapitre intitulé "Attaques et percussions", c'est plus précisément Castaing et Benhamou que nous suivons. Le premier va y laisser la vie, le second va hériter du coffret aux icônes qui changera ainsi de mains. Ces objets maudits poursuivent donc leur parcours à l'issue de ce chapitre, lequel se termine en musique...  
   

Ce chapitre débute le matin du 21 juin. La veille au soir, le 2e RMA, dans lequel évoluent la plupart des personnages du roman, a été relevé en première ligne par le 176e RI, un régiment d'infanterie spécialement constitué pour l'expédition des Dardanelles et qui était basé à Salon de Provence. C'est le régiment dans lequel évoluait Pierre Drieu la Rochelle (voir post d'octobre 2014 dans les archives du blog). Au moment de cette nouvelle offensive, le 176e RI est donc en première ligne, avec le 2e RMA en appui en deuxième ligne. Il a, pour mener cette attaque, sur son flanc droit deux régiments coloniaux : les 4e et 6e RIC. Ces deux régiments étant couverts en deuxième ligne par le 1er RMA. 

Le ravin du Kérévès-Déré est un point stratégique dans le sud de la péninsule que les alliés n'ont pas réussi à enlever après déjà deux attaques les semaines précédentes. Il se situe dans la case 18 au sud de Krithia sur la carte ci-dessous. Cette nouvelle offensive constitue donc la troisième tentative. 
Carte de la zone des combats au cap Helles (Wikimedia Commons - Rcbutcher)

L'offensive a été précédée à l'aube par des reconnaissances aériennes puis par de nombreux bombardements d'artillerie et de batteries de marine sur l'ensemble de la ligne de front. 
Photographie aérienne d'un village des Dardanelles, sans doute Chanak,
prise depuis un appareil de reconnaissance français 
et extraite de The War Illustrated daté du 14 août 1915 
(Wikimedia Commons)



Canon britannique de 127 mm tirant sur des positions ottomanes
au cap Helles en juin 1915 (Wikimedia Commons - Imperial War Museums)


Le cuirassé britannique HMS Cornwallis bombardant Krithia sur la péninsule de Gallipoli,
photographie tirée d'un article du Miroir daté du 23 mai 1915
(Wikimedia Commons - Gallica.fr)

A 6 heures, l'assaut est lancé. La charge du 176e RI est couverte par les zouaves du 2e RMA. Ces derniers, en deuxième ligne, ont pour mission de flanquer l'attaque en cours en harcelant les lignes ennemies d'un feu nourri. Parmi eux, Benhamou et Lacourt participent bien entendu à ces tirs, et Castaing lui aussi. Il se situe à quelques mètres des deux premiers, près d'une section de mitrailleuse.


Sections de mitrailleuses ottomanes
encadrées par des officiers allemands, à Gallipoli en 1915
(Wikimedia Commons - Bundesarchiv)
Les Turcs tiraient sur les assaillants mais aussi sur la deuxième ligne française qui les harcelait. Le 2e RMA essuya ainsi des tirs. L'un d'eux fut fatal à Castaing qui prit une balle en plein front. L'actuel détenteur du coffret aux icônes meurt ainsi, deux semaines après la découverte du caveau. 

Ce n'est qu'au bout de longues minutes, à la faveur d'une accalmie, que Benhamou remarquera la mort de Castaing. Le 2e RMA avait cessé ses tirs, le 176e RI étant parvenu à s'emparer de la première ligne turque et était en train d'attaquer lea deuxième. Ce régiment est celui qui avait réalisé la meilleure percée. Les deux régiments coloniaux impliqués dans l'assaut connaissaient des difficultés et étaient en échec dans leurs secteurs.

Benhamou fut bouleversé de découvrir Castaing sans vie. Il avait encore discuté avec lui quelques instants avant le début de l'assaut... Son émotion passée, il se mit en recherche du coffret aux icônes parmi les affaires de Castaing. Il tombe d'abord sur un carnet contenant une photo de son fils. Benhamou savait que cet enfant vivait avec sa mère à Oran. Cette dernière avait quitté Castaing quelques années plus tôt à cause de ses problèmes d'alcool et avait emmené leur fils avec elle. Benhamou se rendit compte que ce fils venait de perdre une deuxième fois son père. 

Il revint ensuite à sa première préoccupation et glissa le coffret aux icônes dans sa musette devenant ainsi le deuxième possesseur de ces objets depuis leur mise au jour. 
Prisonniers turcs interrogés par des officiers britanniques
après la 3ème bataille de Krithia, le 21 juin 1915.
Photo tirée d'un numéro de The War Illustrated paru en 1915.
(Wikimedia Commons - Australian War Memorial)

Ces combats durèrent toute la journée. L'avancée du 176e RI avait pu être confortée, mais les pertes étaient terribles avec près de 2 500 morts ou disparus côté allié, et le ravin du Kérévès-Déré restait imprenable. Les Turcs avaient connu des pertes encore plus élevées avec 6 500 morts ou portés disparus, mais ils avaient encore réussi à contenir l'offensive. Le calme revint avec la tombée de la nuit.
Soldat britannique observant les tranchées ottomanes
à l'aide d'un périscope. Photo tirée d'un numéro de The War Illustrated
paru en 1915 (Wikimedia Commons)

Le lendemain soir, le 2e RMA est chargé de relever le 176e RI en première ligne. Les zouaves prennent alors possession de ces tranchées acquises la veille et s'installent pour la nuit. L'odeur des cadavres est intolérable, mais ils s'y installent malgré tout, prennent leur repas et mettent en place des tours de garde pour surveiller les lignes turques. Des fusées éclairantes sont utilisées pour contrôler le site et les officiers scrutent la ligne ennemie avec des jumelles périscopiques.

La nuit est calme, ce soir-là, dans le secteur. Le moral était plutôt bas côté français et meilleur côté turc. D'ailleurs, des envolées musicales et des bruits de fête se faisaient entendre depuis un camp turc à l'arrière des lignes ottomanes. On entendait des chants, des rythmes de darboukas et des mélodies de ney : on fêtait visiblement les succès défensifs des derniers jours.

Côté français, c'était le silence dans les premières lignes, mais à l'arrière, dans les lignes occupées par des tirailleurs sénégalais, probablement ceux du 7e RMIC, le son d'un djembé se fit entendre. La fête turque s'arrêta et seule une darbouka répondit au djembé. Le chapitre se termine ainsi avec cet échange musical symbolique entre cette darbouka turque et ce djembé sénégalais. Après la férocité des combats, la musique vient réunir, le temps d'un échange, des hommes évoluant dans des camps opposés. L'art réussit à faire resurgir un bref instant l'humanité qui subsiste chez ces soldats des deux camps. Un rare instant de grâce qui sera vite effacé par la triste réalité de la guerre.

Bonne fin d'année et à bientôt en 2015, année du centenaire de l'expédition des Dardanelles !

Olivier. 









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire