mercredi 21 novembre 2018




Les rêves de Madeleine brisés par la tragédie du Provence II 




Quelques jours après que le Provence II ait été coulé par un sous-marin allemand, Madeleine, la fiancée de Pierre, apprend la nouvelle par la presse et comprend que son amoureux fait partie des nombreuses victimes... Ce nouveau post revient sur le chapitre où la jeune institutrice d'Alger découvre cette catastrophe et la mort de son bien-aimé, qui vont changer le cours de sa vie...

Ce dix-huitième chapitre, intitulé "l'annonce d'une triste nouvelle", intervient début mars 1916, quelques jours après l'attaque du Provence II que le lecteur a vécu dans le post précédent. Le père de Madeleine, abonné au journal Le Matin, découvre dans le numéro daté du 1er mars qu'un paquebot qui convoyait des troupes de Toulon vers Salonique avait été coulé en Méditerranée centrale le 26 février, faisant un nombre effroyable de victimes. Un bilan terrible digne du Titanic...


Une du Matin en date du 1er mars 1916,
titrant sur la catastrophe du Provence II (Gallica)

En lisant l'article, il découvre la composition des troupes qui se trouvaient à bord. Il a alors un doute affreux et fait venir auprès de lui sa fille qui se prépare à rejoindre l'école où elle travaille. Madeleine lui avait en effet indiqué que Pierre avait changé récemment de régiment mais il ne se souvient plus lequel, aussi lui demande-t-il de le lui repréciser. 

Lorsque Madeleine lui annonce qu'il s'agit du 3e régiment d'infanterie coloniale et que Pierre devait rallier Salonique depuis Toulon la semaine précédente, il comprend que ses craintes sont fondées.  En lui tendant le journal, il lui annonce gravement que son régiment est parti le 23 février à bord du Provence II et que ce bateau a été coulé le 26.

Madeleine, catastrophée, parcourt rapidement l'article et s'effondre en larme dans les bras de son père après avoir poussé un hurlement. Sa mère et Aïcha, la domestique, accourent immédiatement dans la salle à manger pour voir de quoi il en retourne. Elles découvrent la jeune femme en pleurs, blottie contre son père, avec le journal froissé à leurs pieds et comprennent qu'une nouvelle tragique vient de les frapper. 

Le paternel tente de calmer et de rassurer sa fille en lui rappelant que l'article stipule que de nombreux rescapés ont pu être récupérés et évacués vers Malte. Il lui redonne ainsi espoir et Madeleine parvient à envisager que Pierre fasse en effet partie des rescapés. Elle se dit alors qu'il a peut-être donné des signes de vie à Honorine, la tante chez qui il logeait quand il était étudiant à Alger. Elle décide alors de se renseigner auprès d'elle mais comme cette dernière n'a pas le téléphone, elle doit se rendre sur place pour le faire.


Tramway à Alger, près du Palais consulaire et de l'Amirauté,
sur une carte postale avant 1914 (Wikimedia Commons - Claude Villetaneuse)
Madeleine emprunte le premier tramway qu'elle peut pour se rendre dans le quartier où réside la tante Honorine. Une demi-heure après, elle se présente devant la maison. Au bout de deux sonneries, on lui ouvre enfin la porte. En voyant la mine décomposée de la parente de Pierre, Madeleine comprend qu'elle n'a rien de positif à lui annoncer. 

Pierre ne fait pas partie des rescapés qui ont été secourus. Il est porté disparu, son corps n'a pas été retrouvé. Les recherches de nouveaux rescapés ont pris fin, il n'y a maintenant plus guère d'espoirs de trouver de nouveaux survivants. Pierre n'a sans doute pas réussi à évacuer à temps le navire avant qu'il ne coule. Il sera bientôt considéré comme "mort pour la France" s'il n'est pas retrouvé vivant dans les prochains jours.   

Comprenant qu'il n'y a plus d'espoir à avoir, Madeleine s'effondre dans les bras d'Honorine. Déchirées de douleur, elles pleurent un long moment, l'une contre l'autre, trouvant ainsi un réconfort mutuel. 


La Grande Poste d'Alger, sur une photo prise en juin 2008
(Wikimedia Commons - Ludovic Courtès)
Au bout d'un moment, Madeleine réussit à trouver la force de lui demander si les parents de Pierre, à Toulouse, ont été mis au courant du drame. La tante Honorine lui répond alors qu'elle comptait les prévenir en leur envoyant un message en express. Pour cela, elle doit se rendre à l'hôtel des Postes, que l'on désigne aujourd'hui sous le nom de "Grande Poste", dans le centre-ville d'Alger. Les autorités militaires s'étant en effet diriger vers elle car c'est son adresse qui figurait dans le dossier militaire de Pierre, et non pas celle de ses parents.

Madeleine prend alors congé d'elle et se dirige vers le tramway pour rentrer chez ses parents. Sonnée par la nouvelle dramatique qui vient de s'abattre sur elle, elle avance comme un zombie. 

Ses parents, en la voyant revenir dans cet état, comprennent qu'elle n'a ramené aucune bonne nouvelle de chez la tante de Pierre. Ils tentent comme ils le peuvent de la consoler, sans réellement y parvenir.

Des années plus tard, après la guerre, Madeleine épouserait un autre homme, aurait plusieurs enfants avec lui, mais jamais elle n'oublierait Pierre. Celui qui resterait, au fond d'elle-même, le plus bel amour de sa vie et qui devait lui être destiné, avant que la guerre et le destin ne viennent en décider autrement...

A bientôt.

Olivier.