jeudi 9 mars 2017


Découvrez le Tunis de 1915 aux côtés de Madeleine, la fiancée de Pierre Lacourt !  




Pour ce premier post de l'année, nous retrouvons Madeleine, la jeune institutrice d'Alger, qui entreprend un voyage jusqu'à Tunis où son bien-aimé Pierre est en convalescence depuis plusieurs mois. Malgré tout son courage et son opiniâtreté, elle aura bien du mal à le retrouver. L'occasion pour nous de parcourir à ses côtés la ville de Tunis telle qu'elle était en 1915, en passant par Carthage, l'Ariana et le Bardo au gré des "tergiversations tunisoises" de Madeleine, titre de ce douzième chapitre...

C'est au lendemain de Noël que Madeleine prend le train à Alger, tôt le matin, pour Tunis. Elle a pris soin d'envoyer un télégramme à Pierre pour l'avertir de son arrivée. Elle est accompagnée de Jean-Baptiste, l'époux de sa cousine Isabelle, qui doit justement se rendre à Tunis et qui lui sert d'escorte et de chaperon. Le voyage dure toute la journée et leur fait traverser les magnifiques paysages de la Kabylie, du Constantinois et du Nord Tunisien. 
Gare de Tunis Nord en 1915 (Wikimedia Commons - Bertrand Bouret)

Bien qu'exténuée par ce long périple, Madeleine se rend dès son arrivée à l'Ecole Coloniale d'Agriculture, à l'Ariana, au nord de la ville, qui abrite l'hôpital bénévole N°1 bis où séjourne Pierre. Là, en se renseignant auprès d'infirmières, elle découvre, dépitée, que son bien-aimé a changé d'établissement une dizaine de jours plus tôt. Elle apprend qu'il a été transféré dans un dépôt de convalescents à Salammbô, un quartier de Carthage. Compte tenu de l'heure tardive, elle doit attendre le lendemain pour s'y rendre et se fait expliquer le chemin avant de rentrer à l'hôtel profondément déçue. Elle dîne à "la Maison Dorée", une brasserie réputée à proximité de son hôtel où l'attend Jean-Baptiste qui la console avec quelques paroles.  
TGM à quai en gare de Carthage au début du XXe siècle
(Wikimedia Commons - Bertrand Bouret)

Le lendemain dès l'aube, Madeleine file à la gare pour prendre le premier train en direction de La Marsa, sur la ligne TGM (Tunis-Goulette-Marsa) qui dessert Carthage. Sur le trajet, alors que le soleil se lève, elle traverse le lac de Tunis, lagune qui sépare Tunis de la côte. Descendue à la gare de Salammbô, elle traverse ce quartier enchanteur en direction du palais beylical, près du port antique de Carthage, où a été implanté l'hôpital-dépôt qui héberge Pierre. 

Dans le hall d'accueil, Madeleine tombe directement sur le responsable de l'établissement, le médecin-major Carton. Engageant la conversation avec lui, elle découvre que le médecin militaire, qui est aussi archéologue à Carthage, connaît très bien Pierre. Il a en effet beaucoup discuter avec lui d'archéologie, passion qui les a rapprochés. Le docteur Carton l'a emmené visiter les chantiers de fouilles qu'il mène à Carthage quand il ne s'occupe pas de ses convalescents à l'hôpital, tandis que Pierre lui a fait part d'une petite découverte qu'il a faite aux Dardanelles... une plaquette de plomb portant des inscriptions en grec ancien... Madeleine est tout de même une nouvelle fois déçue en apprenant que Pierre a déjà quitté cet hôpital de Carthage... Arrivé là en fin de convalescence, il y est en effet resté moins d'une semaine et il n'a jamais eu connaissance du télégramme de Madeleine. Ils se ratent encore une fois à quelques jours d'intervalle. Elle apprend que Pierre a été réincorporé au 4e R.Z. dont le dépôt est la caserne Saussier à Tunis même. Elle quitte immédiatement Carthage pour prendre le premier train pour Tunis afin de rejoindre la caserne aux alentours de midi.
Carthage vers 1900, vue vers La Goulette (Wikimedia Commons - Profburp)

Là, elle se présente au portail de la caserne et demande aux plantons qui y montent la garde de pouvoir rendre visite à Pierre Lacourt. Ceux-ci sont goguenards et peu coopératifs. Ils lui font savoir qu'en tant que civile non autorisée, elle n'est pas censée pouvoir pénétrer dans la caserne. Ils ne semblent pas connaître Pierre, arrivé tout récemment au sein du régiment. Devant son insistance, l'un d'eux finit toutefois par se décider à chercher un officier qui puisse éventuellement l'aider. Madeleine reste seule un moment avec l'autre soldat, ce qui la met mal à l'aise, d'autant que celui-ci cherche à faire la causette avec elle... Heureusement pour elle, l'autre planton revient rapidement accompagné d'un officier. Un sous-lieutenant, très courtois, qui s'avère bien connaître Pierre. Il l'a en effet côtoyé pendant sa convalescence, revenant lui-même de blessure. Madeleine en est ravie, mais elle déchante une nouvelle fois en apprenant que Pierre est parti en permission dès son arrivée à la caserne. Il a en effet bénéficié de 10 jours de permission et le télégramme de Madeleine qui a fini par le suivre jusqu'à la caserne l'a encore raté de peu... il en résulte que Pierre ne sait pas que Madeleine est à Tunis et celle-ci ne sait plus du tout où chercher Pierre. 

Elle quitte l'officier et la caserne, désemparée. Où Pierre passe-t-il sa permission ? Est-il resté en Tunisie ? Est-il rentré en France ? Aurait-il tenté de la rejoindre à Alger ? Elle rentre à l'hôtel effondrée. Une fois calmée, dans sa chambre, elle se dit en y réfléchissant que Pierre était plus probablement resté à Tunis ou dans les environs. Elle décide d'aller se restaurer et retourne à "La Maison Dorée". 
Cathédrale St-Vincent de Paul de Tunis
au début du XXe siècle
(Wikimedia Commons - voila.fr)
 

Après son repas, elle n'a toujours pas la moindre idée quant au lieu où pouvait se trouver Pierre. Quittant la brasserie, elle décide d'errer un peu en ville, passe devant la résidence générale, puis devant le théâtre municipal à l'architecture art-nouveau très élégante. Elle se rend dans la cathédrale St-Vincent de Paul afin de s'y recueillir un peu et de brûler un cierge dans l'espoir de retrouver Pierre. Quittant cet édifice de style romano-byzantin, elle marche un moment sur l'avenue de France et a soudain une intuition : Pierre étant féru d'archéologie, il y avait des chances qu'il ait prévu d'effectuer des visites en lien avec cette passion. Ecartant rapidement Carthage, elle opte pour le musée du Bardo et prend le tramway pour rejoindre ce palais situé à l'ouest de la ville. 

Madeleine y découvre un musée magnifique richement décoré et aux collections superbes de mosaïques et de sculptures. Elle parcourt plusieurs fois les différentes salles et patios d'exposition dans l'espoir de croiser enfin Pierre, mais elle doit finalement se rendre à l'évidence : son amour n'est pas au musée. Elle est désemparée et pleure de dépit un long moment dans une salle, assise par terre contre un mur, au pied d'une statue. Une fois apaisée, elle retourne à l'hôtel avec le faible espoir d'avoir des nouvelles de Pierre. Peut-être était-il repassé par la caserne et avait-il eu vent du passage de Madeleine ? Cette dernière avait indiqué à l'officier le nom de l'hôtel où elle était descendue. Peut-être lui avait-il laissé un message à la réception ? Ou présent en chair et en os ?
Palais du Bardo vers 1900 (Wikimedia Commons)

Il est tard lorsqu'elle arrive à l'hôtel Salammbô et le miracle se produit lorsqu'elle vient récupérer sa clé à la réception : un télégramme de Pierre, reçu dans l'après-midi, l'y attend. Il lui annonce qu'il est à Alger jusqu'au 2 janvier et lui  demande de vite revenir, il lui dit enfin qu'il l'aime. Madeleine est aux anges, elle se rend immédiatement à la gare pour réserver un billet pour Alger puis file à la poste principale pour télégraphier à Pierre qu'elle arrivera le lendemain soir et de ne plus bouger d'ici-là. 

Ayant parcouru tout Tunis et ses environs à la recherche de son amoureux, Madeleine allait finalement le retrouver à Alger, son point de départ...

A bientôt.

Olivier.


      

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