Un ultime extrait avant la sortie de l'e-book de "La confession d'Anthémios" !
Pas de post "documentaire" ce mois-ci sur le blog, je vous propose plutôt de découvrir un dernier extrait avant la sortie prochaine du livre numérique !
Il s'agit du troisième chapitre, celui qui était l'objet des deux derniers posts (voir en septembre et en octobre). Cliquez sur le lien "Plus d'infos" pour le lire entièrement.
Pour rappel, le deuxième chapitre est déjà disponible en extrait sur ce blog (voir en juillet) et le premier l'est sur Bookly.fr. Je vous laisse raccrocher les wagons...
Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser vos commentaires ou vos questions !
A bientôt.
Olivier.
CHAPITRE III
Des berges
du Strymon
aux rivages de
l’Hellespont
8
« Les premiers jours de notre voyage, nous suivîmes
le cours du Strymon[1], dont les flots verts
impétueux dévalent vers le sud. Nous n’en quittâmes pas les berges avant
d’avoir atteint, quelques jours plus tard, son débouché sur la mer. Plus nous
avancions et moins le froid se faisait sentir. Rapidement, la neige finit par
disparaître, ce qui permit d’accélérer le rythme de notre voyage. Nous dormions
dans des auberges, ou bien chez des connaissances d’Héraclius. Je me souviens
que nous avons passé le premier soir dans un petit village - dont le nom
m’échappe aujourd’hui, ma mémoire, relativement grande, n’est pas infaillible -
au bord du fleuve. Cette localité était en partie habitée par des populations
venues d’Anatolie, que l’empereur Nicéphore avait fait venir quelques années
plus tôt, comme il l’avait fait dans l’ensemble des régions proches du royaume
bulgare, en vue de peupler davantage ces provinces et de mieux les défendre.
Là, nous avions dégusté de délicieuses truites, ainsi que de savoureux barbeaux
que les villageois élevaient et puisaient dans des viviers. Nous nous sommes
ensuite rendus à l’église, où était célébrée la nuit de l’Epiphanie. Le
lendemain matin, je fus très étonné de découvrir une coutume
particulière : de jeunes hommes, à peine plus âgés que moi, tout juste
vêtus d’un pagne autour de la taille, malgré le froid vif, rivalisaient à plonger
dans le fleuve pour rapporter une croix que le prêtre y avait jetée, non sans
l’avoir auparavant bénie. Par cette tradition, était commémoré le baptême du
Christ dans le Jourdain. Le plus stupéfiant est que chacun de ces hardis
adversaires ressortait de l’eau sans le moindre mal. Une fois le lauréat
célébré, tous allaient ensuite en courant, et dans de grands éclats de rire, se
réchauffer dans une étuve préparée à cet effet.
La suite de notre itinéraire, le long du cours d’eau, fut
sans histoire notable. Nous longeâmes les rives du lac d’Achinos, où se trouvaient
plusieurs villages que nous traversâmes sans y faire halte. Sur notre gauche,
le massif du Pangée nous toisait de ses hauteurs, ce qui nous confirma que nous
n’allions pas tarder à atteindre la mer.
En effet, un peu plus tard, depuis un haut plateau, sur le site de
l’acropole de l’ancienne cité d’Amphipolis, je découvris enfin le débouché du
Strymon. Après d’ultimes méandres, le fleuve venait en un paisible delta
terminer sa course dans l’immensité bleutée. Pour la première fois de ma jeune
vie, je découvrais la mer. J’étais impressionné par cette sensation d’infini. A
perte de vue le royaume de Poséidon m’exposait sa magnificence. Cette
exaltation et l’excitation du voyage prirent le pas sur la tristesse et la
mélancolie que j’éprouvais depuis mon départ, et je commençais à saisir les
attraits de cette expérience.
Notre convoi descendit les collines qui dominaient le
delta, et gagna Chrysoupolis, un petit port fortifié situé à proximité, où nous
passâmes la nuit, et d’où nous embarquerions le lendemain matin pour
l’Hellespont[2].
Aux aurores, nous prîmes place dans un navire marchand,
après y avoir chargé nos bêtes et nos effets. Mon émerveillement de la veille
ne s’était pas altéré. Je contemplais enfin de près l’élément marin : les
embruns, l’odeur de la mer, le cri des mouettes, le vent du large, l’agitation
de ce petit port, tout concourait à mon plaisir.
La mer était particulièrement agitée en cette journée
d’hiver, mais le capitaine décida d’ordonner l’appareillage. Bien vite nous
aurions quitté le port et gagné le large. »
9
« Notre bateau fendit les eaux du Golfe Strymonique
en longeant, sur sa droite, les côtes déchiquetées de la péninsule de Chalcidique,
couverte de forêts et ponctuée à son extrémité par le Mont Athos. Immensité
pyramidale que je devinais, malgré la couche nuageuse qui entourait son sommet
et qui intensifiait encore sa mystérieuse et fabuleuse aura mystique. Je n’ai
pas eu le loisir d’apprécier longtemps ce paysage somptueux : le ciel
était bas, la mer difficile et un terrible mal de mer me terrassa.